Deuxièmement, il faut garder en tête que la valeur comptable est une approche d’analyse fondamentale qui fonctionne bien pour les entreprises à la santé financière tendue. Après tout, la valeur comptable derrière ce ratio P/B nous dit combien vaudrait Apple en cas de faillite et de liquidation de ses actifs. Comme l’indique son excellent Z-Score d’Altman de 7,8 et son bilan de liquidités à court terme, Apple n’est clairement pas dans ce type de catégorie !
Enfin, le ratio P/B est peu adapté aux entreprises technologiques, dont le business repose beaucoup sur des actifs intangibles et de la propriété intellectuelle, comme Apple, ce qui impacte leur valeur comptable. Apple est typiquement une entreprise qui n’a pas besoin de posséder énormément d’actifs physiques (elle ne produit pas elle-même son matériel). Ce qui ne l’empêche pas d’utiliser la dette comme levier financier.
C’est là une autre facette fondamentale d’Apple : un important recours à l’endettement à bon prix (taux bas/zéro) pour se financer grâce à une note de crédit excellente. C’est une astuce comptable : Apple émet de la dette pour s’éviter des taxes. En s’endettant à des conditions avantageuses, elle peut en effet éviter de rapatrier le cash issu de ses activités réalisées à l’étranger (63,4 % du mix géographique). Or, s’il était rapatrié, ce revenu serait taxable par l’État américain ! Emprunter de l’argent permet donc à Apple d’économiser de l’argent.
Cette dette lui sert ensuite à renforcer sa position de trésorerie américaine, ainsi qu’à couvrir ses besoins généraux, notamment les rachats d’actions et de dettes plus anciennes (moins avantageuses), ainsi que pour payer ses dividendes. Nous le voyons bien sur l’image ci-dessous : alors que la dette grimpe au fil du temps, les capitaux propres totaux diminuent.