Le Dollar Cost Averaging (DCA) constitue souvent la première étape pour qui souhaite commencer à investir facilement en bourse. Facile à mettre en place, il reste cependant très, voire trop simple pour atteindre vos objectifs financiers.
Découvrez pourquoi le value averaging pourrait vous être plus utile, chiffres à l’appui !
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Table des matières
En résumé
- Le Dollar Cost Averaging (DCA) et le Value Averaging (VA) sont deux stratégies d’investissement.
- Le Value Averaging (VA) octroie de meilleurs rendements sans risque supplémentaire.
- Il nécessite cependant un peu plus d’implication et se réalise plutôt en semi-pilote automatique.
Votre plus grand ennemi en bourse ? Vous-même
De l'intérêt des stratégies d'investissement
Les marchés actions offrent toujours de solides rendements aux investisseurs, mais la gestion des risques est essentielle à long terme. Or les investisseurs ont souvent tendance à oublier qu’une des grandes sources de risques en bourse réside… En eux.
En effet, selon la finance comportementale, la cupidité et la peur des investisseurs formeraient un comportement irrationnel et affecteraient leur allocation de portefeuille. La bonne nouvelle est que vous pouvez aisément surpasser ces faiblesses de votre esprit et la volatilité de façon générale en suivant une stratégie d’investissement.
Une stratégie d’investissement est simplement un plan prédéterminé qui va vous guider mécaniquement dans le processus d’investissement, en mettant l’émotionnel de côté. J’avais déjà parlé du Dollar Cost Averaging (achat périodique par sommes fixes, abrégé DCA), l’une des grandes stratégies d’investissement et probablement la plus utilisée dans le monde.
Le DCA a l’avantage de parfaitement se marier au principe d’investissement paresseux, aux systèmes de plan d’investissement en ETF globaux et à l’investissement automatisé et régulier. Type d’investissement que nous retrouvons d’ailleurs dans la plupart de nos assurances-vies, fonds d’épargne-pension, etc.
Tous ces outils permettent d’investir sans aucune influence émotionnelle, ce qui permet de réduire considérablement le risque de mauvais timing. Grâce au DCA, l’investisseur investit périodiquement une somme d’argent fixe afin de lisser les hauts et les bas du marché… Et c’est tout.
Retenez bien : dans un DCA, vous investissez toujours la même somme, et vous ne faites qu’acheter. C’est important pour la suite 🙂
Le Value Averaging (VA), similaire au DCA mais pourtant bien différent !
Le « Value Averaging » (moyenne par la valeur, abrégé VA) est une autre stratégie d’investissement, développée par Michael Edleson dans son livre Value Averaging. Elle partage des similitudes au DCA, mais reste malgré tout bel et bien différente par le montant investi et l’approche d’investissement. Et vous allez voir que ça fait toute la différence !
Selon la stratégie de Value Averaging, un investisseur détermine un taux de croissance cible pour son portefeuille et ajuste les contributions pour atteindre ce taux de croissance, en fonction de ses objectifs spécifiques et de la performance de son portefeuille.
Dit autrement : plutôt que d’investir un montant fixe chaque mois, vous investissez en fonction de votre proximité avec votre objectif à un moment donné.
Le chemin de valeur, concept-clé du Value Averaging
Les investisseurs qui utilisent une stratégie de value averaging doivent d’abord déterminer le chemin de valeur qu’ils doivent suivre, en fonction de l’objectif qu’ils essaient d’atteindre. Cela signifie que vous devez avoir un objectif périodique (mensuelle, trimestrielle, etc.) sur la destination de votre investissement. Pour les besoins de cet article et pour favoriser l’effet de lissage, concentrons-nous sur une période mensuelle.
Définir un chemin de valeur, c’est par exemple décider que vous voulez augmenter la valeur de votre portefeuille de 5 % ou de 1000 € chaque mois. Et ce, peu importe ce que fait le marché boursier (qu’il soit haussier ou baissier). Vous avez donc fixé un montant ou une performance cible, pour ensuite ajuster la contribution du mois suivant en fonction du gain ou du manque à gagner relatif sur la base des actifs que vous possédez.
Forcément, vous allez investir moins lorsque la valeur du portefeuille augmentera et plus lorsqu’elle diminuera. C’est un concept clé : vous avez défini où vous désirez aller (c’est votre objectif de valeur), et le chemin de valeur qui vous y amènera. Mais ce chemin fluctuera en tenant compte de la valeur actuelle de votre portefeuille, par rapport à votre objectif global.
Un exemple concret de value averaging
Je vous ai perdu ? Prenons un exemple :
- Admettons que vous vous fixiez pour objectif d’augmenter la valeur de votre portefeuille de 1 000 € sur une période de 10 mois.
- De cette valeur, vous déduisez vos contributions mensuelles. Disons que vous désirez investir 100 € par mois (10 mois x 100 € = 1000 €, soit votre objectif). Vous investissez donc 100 € le premier mois.
- À la fin du premier mois, les cours se sont appréciés et vos 100 € sont devenus 115 €. Par conséquent, lors du deuxième mois, vous n’avez plus qu’à ajouter 85 € pour atteindre votre objectif de 200 €.
- Au cours du mois suivant, les marchés baissent et la valeur de votre portefeuille chute à 170 €. Ici, vous devrez investir 130 € au lieu de 100 € afin d’atteindre votre objectif mensuel de 300 €.
- Et ainsi de suite jusqu’à atteindre votre objectif final de 1000 € en 10 mois.
Vous comprenez la logique : le montant à investir au mois X est basé sur la performance du portefeuille au mois X-1, car vous réagissez à l’évolution réelle du marché. C’est une sorte de DCA couplé à du rééquilibrage de portefeuille.
Le montant investi change donc chaque mois, permettant non seulement d’acheter, mais aussi de… Vendre des actifs. Par exemple, si, dans mon exemple ci-dessus, votre objectif pour le quatrième mois était de 400 € et que la valeur de votre portefeuille atteignait 450 € au début de ce mois, vous devriez vendre 50 € afin d’atteindre l’objectif de 400 €.
Comparaison pratique du DCA et du VA
Dans les deux stratégies (DCA et VA), l’investisseur est discipliné et achète des actions en période de croissance du marché comme en période de tendance baissière. Ainsi, le risque de mauvais timing est éliminé, tout comme l’impact de la réponse subjective et émotionnelle de l’investisseur.
Mais les 2 différences (variation du montant et possibilité de vendre) permettent d’encore plus profiter des tendances du marché tout en éliminant davantage sa volatilité. Dans l’approche DCA, un investisseur ne regarde pas le niveau des prix, il continue simplement à investir à l’achat, encore et encore.
On peut donc décemment supposer que le VA génère de meilleurs rendements par rapport à ceux du DCA. Voyons voir ce qu’il en est !

Études statistique montrant la force du value averaging
J’ai donc creusé pour vous plusieurs études statistiques pour creuser cette hypothèse.
La première étude date de 2000 et a été menée par Paul Marshall, professeur au département des finances à la Widener University (USA). Il s’est attelé à comparer le DCA et le VA entre eux, et par rapport à de l’investissement aléatoire (random picking), pour déterminer si l’une ou l’autre technique offre un rendement d’investissement supérieur.
Les résultats cette première étude indiquent que le value averaging fournit des rendements supérieurs lorsque les prix sont assez volatils et sur des horizons d’investissement long. Cerise sur le gâteau, ces rendements supérieurs s’accompagnent de peu ou pas d’augmentation du risque. L’étude semble même montrer qu’il n’y a pas de différence statistique entre le DCA et les techniques d’investissement aléatoires, que ce soit en termes de rendement attendu ou de réduction des risques…
Si vous connaissez le couple Rendement/Risque, vous avez donc deviné que le ratio de Sharpe d’un tel portefeuille « VA » sera meilleur puisqu’il offre de meilleurs rendements pour une volatilité moindre.
Et c’est justement aux mêmes conclusions qu’arrive la seconde étude de 2020 menée par Haiwei Chen (professeur agrégé de finance à l’University of Alaska Fairbanks) et James Estes (professeur titulaire de finance à la California State University San Bernardino).

Notez cependant que la probabilité d’atteindre la valeur cible d’un portefeuille en VA est plus élevée sur un horizon de placement long, de l’ordre de 5 ou 10 ans. Cette troisième étude menée par le département des finances de la faculté de commerce et d’économie de l’Université Mendel montre une augmentation substantielle du ratio de Sharpe sur un horizon long de 10 ans.
C’est logique ! En effet, si l’on considère une période d’investissement très courte (un an dans l’étude), il n’y a pas de place pour les fluctuations des cours des actions et la tendance est principalement à la hausse ou à la baisse. Ainsi, il est tout autant possible de réaliser des profits élevés ou des pertes élevées.
C’est pourquoi on constate une volatilité importante des revenus sur l’horizon d’investissement d’un an (12,96 %), qui n’a pas été compensée par des rendements supplémentaires (15,62 %), soit un ratio de Sharpe de 1,201. Au contraire, on observe une évolution plus stable des revenus et des risques pour l’investissement à long terme (rendement annuel moyen de 7,53 %, risque annuel moyen de 4,51 % et ratio de Sharpe de 1,658).
Ces résultats sont d’ailleurs en accord avec ce qu’écrit Edleson dans son livre « Value Averaging: The Safe and Easy Strategy for Higher Investment Returns » : plus la période d’investissement est longue, plus le profit est faible, mais également la volatilité. Et donc le rapport rendement/risque est plus élevé (meilleur) dans la période d’investissement à long terme (dans son cas, une période d’investissement de 20 ans).
Avantages et inconvénients du Value Averaging
Avantage de performance par rapport au DCA sans encourir de risques supplémentaires, des coûts moyens inférieurs : vous vous dites peut-être que cette solution du value averaging est l’outil rêvé pour votre portefeuille !
En effet, là où les approches de DCA et de VA permettent à un investisseur d’investir dans le marché boursier et de bénéficier du potentiel de hausse, l’approche du VA a clairement la force supplémentaire d’être flexible et polyvalente. Elle demandera en effet à l’investisseur d’acheter plus lorsque le prix est bas et de vendre lorsque le prix est élevé. Le DCA, quant à lui, néglige totalement cette information et investit simplement un montant fixe, quel que soit le cours de l’action.

Néanmoins, rien n’est parfait. Il convient en effet de noter plusieurs désavantages du VA, ainsi que quelques précautions et considérations à bien connaître :
- Comme expliqué plus haut, bien que le VA fonctionne mieux que le DCA, les avantages sont vraiment accentués dans un marché plus volatil.
- C’est un système plus sophistiqué à mettre en œuvre. Là où le DCA est très simple à réaliser, le calcul du chemin de valeur n’est pas toujours simple et suppose que vous connaissiez à l’avance 1) la valeur finale souhaitée de votre portefeuille et 2) les effets de l’inflation pour déterminer le taux de croissance souhaité et enfin tracer une trajectoire de valeur réaliste. Ce second point est plus compliqué !
- Le VA suppose que vous avez du cash en réserve qui traîne. Car si les marchés baissent, vous allez devoir augmenter le montant de votre investissement périodique. Sans liquidités, c’est impossible : si vous devez soudainement passer d’un investissement de 500 € à 1000 € pour combler un écart, vous pourriez avoir du mal à suivre le rythme que vous impose votre chemin de valeur. Sauf que disposer de liquidités implique de ne pas être pleinement investi, ce qui entraîne des rendements sous-optimaux. Dilemme…
Conclusion
Le DCA et le VA constituent deux excellentes stratégies d’investissement pour établir une discipline financière de fer. Il n’y a pas mieux, en bourse, que d’adopter une approche mécanique de l’investissement au lieu d’être induit en erreur par vos émotions, principalement mues par la cupidité et la peur. Ces stratégies sont relativement simples à mettre en place, surtout pour celles et ceux qui réalisent du lazy investing en ETF sur des courtiers à bas frais.
Le DCA peut être plus facile à appliquer si vous ne souhaitez pas nécessairement ajuster vos investissements chaque mois et être vraiment en pilote automatique. Néanmoins, cette stratégie d’investissement échouera malheureusement (dans la plupart des cas) à vous permettre d’atteindre votre objectif d’épargne.
Le VA peut a contrario être une option très intéressante pour mieux atteindre cet objectif. En définissant votre chemin de valeur personnel, vous pourrez déterminer d’abord combien d’argent, vous devrez accumuler pour un objectif précis, mois après mois, tout en accompagnant les variations de marché de façon plus efficiente.
Dans tous les cas, de telles stratégies d’investissement aux transactions régulières (généralement chaque mois) nécessiteront de porter une attention particulière à vos frais de courtage.
