Investir dans le secteur financier : entre banque dévalorisée et fintech d’avenir

Délaissé et mal-aimé par les investisseurs ces dernières années, le secteur financier n’en reste pas moins essentiel pour l’économie. Composé, entre autres, de banques, fonds d’investissement et autres compagnies d’assurance, le secteur subit de profondes mutations depuis l’arrivée des nouvelles technologies, à l’origine de l’émergence des fintech. Tour d’horizon d’un secteur qui se cherche en 2020.

 

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Table des matières

Mise en contexte

Banques, sociétés de crédit, compagnies d’assurance, gestionnaires d’actifs ou encore courtiers boursiers : le secteur financier comprend l’ensemble des entreprises qui fournissent des services financiers et bancaires aux consommateurs. Chaque jour, nous sommes confrontés à ce secteur, que nous investissions en bourse ou que nous souhaitions consulter notre compte en banque sur notre smartphone. Les sociétés financières sont à la racine de l’économie, et cette économie est un pilier de nos sociétés modernes. Ce faisant, secteur financier et économie sont intimement liés. Plus le secteur sera fort, plus l’économie sera vigoureuse. Mais il suffit que cette dernière s’affaiblisse pour que le secteur en pâtisse sensiblement.

Prenons un exemple qui devrait parler à chacun.e. Souvenez-vous de la crise économique mondiale des années 2007-2012. Il aura fallu bien des années pour gommer les déboires que cette crise a pu infliger à l’économie et à la bourse. Certains indices viennent tout juste de retrouver leurs niveaux d’avant-crise. Et ce qui est désormais appelé « Grande Récession » trouva son origine dans la crise financière mondiale de 2007-2008, elle-même due … À de nombreuses mauvaises pratiques du secteur financier. Si le secteur flanche, l’économie ne tardera pas à en faire autant. Et notre vie, notre quotidien en seront bien souvent profondément affectés – négativement.

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La une de The Wall Street Journal du 15 septembre 2008. La crise financière de l’automne 2008 amplifie le mouvement baissier de la Grande Récession et provoque une chute des cours des marchés boursiers, ainsi que la faillite de plusieurs établissements financiers.

Fonctionnement du secteur financier

En général, la majorité des revenus générés par le secteur financier proviennent d’hypothèques et de prêts, qui évoluent selon que les taux d’intérêt augmentent ou diminuent. D’ailleurs, historiquement, la performance des sociétés financières est principalement liée à l’évolution de ces taux d’intérêt, ainsi qu’à quelques autres indicateurs macroéconomiques. Mais, de manière globale, peu d’autres facteurs auront une réelle influence sur le secteur. Il est donc relativement aisé de comprendre son évolution ces dernières années.

La plupart des sociétés du secteur financier tirent leurs bénéfices en prêtant et en investissant. Leur performance découle donc de la bonne santé des autres secteurs et de l’économie en général :

Lorsque l’économie est saine et que les entreprises se développent, leurs revenus augmentent. Les embauches augmentent, le pouvoir d’achat fait de même, les emprunts croissent. Tout ceci bénéficie aux financières qui récupèrent des emprunts avec intérêts, se voient confier du capital à investir, fidélisent de nouveaux clients via des prêts hypothécaires, etc.
A contrario, une économique atone ou en crise induit des restrictions budgétaires, des coupes dans les effectifs et d’autres politiques contraignantes qui viennent entraver l’activité des entreprises. Des gens perdent leur emploi, se serrent la ceinture, deviennent insolvables. Les banques perdent de l’argent, les investisseurs récupèrent leurs billes. Les revenus diminuent.
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La politique des banques centrales a un énorme impact sur le secteur financier. Les politiques de taux bas actuelles encouragent les entreprises et les particuliers à emprunter de l’argent, ce qui a lieu via le système bancaire. Une bonne nouvelle ? Hélas, non.

Une série d’effets pervers plombent le secteur financier

Depuis la Grande Récession et en vue de relancer l’économie d’après-crise, les banques centrales (comme la BCE & la FED) mènent une politique de taux d’intérêt bas, voire négatifs ces derniers mois. L’objectif initial est de favoriser l’endettement pour pousser à investir et, par extension, générer de la croissance. Cette politique est bénéfique pour les États, les ménages et les entreprises … Mais pas pour le secteur financier !

Évolution des taux de la FED entre 1990 et 2020
Évolution des taux directeurs de la FED (Federal Reserve System) américaine. Lors des deux dernières crises mondiales (bulle internet des années 2000 & Grande Récession), la FED a, comme les autres banques centrales, dû diminuer ses taux pour stimuler l’économie et l’inflation. Il y a peu, la FED a d’ailleurs dû interrompre sa remontée des taux sur fond de craintes pour la croissance économique.

D’une part, il en réduit les marges, ce qui pèse sur la rentabilité des organismes bancaires et ne permet pas de faire fructifier l’argent efficacement. D’autre part, cette politique monétaire accommodante augmente l’endettement global de l’économie, sauf que la croissance a du mal à rester forte, ce qui fragilise les revenus futurs, et donc les capacités de remboursement. Au risque de favoriser des faillites si l’économie dérapait un peu trop fort dans les prochaines années, et d’induire un effet domino.

Enfin, les taux bas augmentent la prise de risque en bourse et dans les investissements. Ce qui se traduit par l’acronyme TINA (There Is No Alternative), ou quand la seule solution de faire fructifier son épargne consiste à investir dans les actions. Les taux bas rendent la Bourse incontournable, y compris pour ceux qui ne possèdent pas les finances ou le profil adéquats. Au risque, ici aussi, de créer une bulle.

État actuel du secteur

Des performances en bernes …

Le secteur souffre donc profondément des effets pervers induits par la politique monétaire des banques centrales. Et, sans surprise, cela se traduit nettement dans l’historique des principaux indices du secteur.

Les choses ne sont donc pas roses dans le secteur financier. Pire, le secteur bancaire est celui qui paie le plus le prix des errances ayant mené à la crise financière de 2007/2008. Enfin, l’Europe est un cas à part, car son économie, plusieurs fois ébranlée depuis, et sa politique monétaire ont fortement fragilisé les banques, grandes contributrices du secteur financier.

Les banques sont sous-valorisées aujourd’hui, et leur décote ne cesse d’augmenter. Elles n’ont jamais été aussi peu chères, et pourtant personne n’en veut. Depuis à peu près mi-2018, il n’y a que des perspectives négatives pour les banques européennes.

Néanmoins, face au marasme du secteur bancaire se dresse une autre composante du secteur financier qui, elle, est loin de connaître les mêmes déboires : les fintech.

… Sauf pour le secteur des fintechs !

La technologie financière, aussi dénommée fintech, est une nouvelle industrie au sein du secteur financier, visant à déployer la technologie pour améliorer les activités financières : ni plus ni moins numériser la finance. Automatisation des activités d’assurance, de trading et de gestion des risques, robo-advisors, banque en ligne/mobile ou encore cryptomonnaies sont autant de facettes du petit monde foisonnant des fintech.

Les deux exemples du graphe ci-dessus constituent les deux faces d’une même pièce. En effet, à l’heure actuelle, le secteur financier est d’un côté propulsé par les technologies et l’innovation de start-ups et, de l’autre, continue de traîner une série d’acteurs vieillissants qui peinent à se réinventer.

Qu’attendre du secteur financier en 2020 et au-delà ?

Une chose est sûre : le secteur financier bénéficiera à terme d’une nouvelle remontée des taux d’intérêt. Le tout est de savoir quand cela se produira ! En effet, pour que les taux remontent, il est nécessaire que l’économie soit en meilleure forme. Or, à cause du coronavirus et au vu du tumulte actuel, le rebond attendu pour 2020 semble sérieusement compromis. De plus, la sensibilité du secteur aux marchés boursiers pourrait se traduire par une forte sous-performance si un recul important des marchés devait être observé en 2020. En vivons-nous en ce moment même les prémices ? Réponse dans les jours et semaines à venir.

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Mais soulignons que pour l’instant, la saison des résultats a, dans l’ensemble, produit de résultats meilleurs qu’attendu, particulièrement en Europe. En effet, certaines banques européennes comme Crédit Agricole ou BNP Paribas ont publié des bénéfices annuels de très bonne facture, les meilleurs depuis la crise financière. D’autres banques, notamment allemandes, ont également produit de bonnes performances en ce début 2020. C’est d’autant plus important que les banques comptent pour près de 10 % du STOXX 600.

À plus long terme, une nouvelle vague de perturbations se produira probablement durant la prochaine décennie. Si les racines de cette perturbation – technologiques, économiques, géopolitiques, démographiques ou environnementales – peuvent varier, la convergence de ces facteurs devrait déclencher un changement sans précédent dans la société et l’économie au sens large. Par conséquent, le secteur financier devrait lui aussi subir de profondes mutations dans les années à venir. Ainsi, le secteur bancaire tente déjà, à l’heure actuelle, d’adapter sa mission, par exemple en s’attaquant aux grands problèmes socio-économiques, telle la transition énergétique.

Conclusion

Les cadres réglementaires de l’après-crise s’étant progressivement mis en place, les institutions financières se sont adaptées tant bien que mal, restructurant leurs modèles d’entreprise en conséquence. Il est maintenant évident que l’accélération du rythme de l’évolution technologique est la force la plus créative – et aussi la plus destructrice – dans l’écosystème des services financiers d’aujourd’hui. Il suffit de regarder le segment des fintech pour s’en convaincre.

Façade du bâtiment de Wall Street (NYSE) à New York
Wall Street ne devrait pas être épargnée par l’évolution du secteur financier. Comme ses pairs, l’institution devra se réinventer et s’adapter.

Le secteur des technologies financières devrait ainsi continuer de bénéficier des changements à long terme en cours, tels que la demande croissante en services de paiement numérique et le succès croissant des néo-banques comme Revolut. Notons aussi l’entrée en scène de disrupteurs technologiques comme Google, Apple ou Amazon, qui lorgnent de plus en plus sur les finances de nos sociétés, nos finances. Soulignons enfin des perspectives très intéressantes dans les marchés émergents, comme les Next Eleven, pour toute société financière capable de profiter à la fois de la croissance et du vieillissement des classes moyennes dans ces pays.

 
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