Fiche action : Starbucks (SBUX)

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Analyse de société Investiforum Starbucks (SBUX)

Starbucks Corporation est un acteur mondial dans l’industrie du café. La société se distingue de la concurrence en vendant un café de qualité en parallèle d’une panoplie de produits connexes. L’entreprise met également l’accent sur ses services, orientés vers le client et renforçant ainsi sa fidélité.

Actuellement, Starbucks cherche à développer son activité tant en optimisant ses marchés matures qu’en se développant sur de nouveaux marchés, notamment en Chine et dans les autres pays émergents. Sur ces derniers, l’entreprise cherche à être le principal détaillant de cafés de spécialité.

Analyse réalisée le 2 janvier 2021 sur la base du rapport annuel de 2020. Exercice financier terminé le 27 septembre 2020.

Caractéristiques principales

Chiffres clés

0Mrd$

Revenus

0Mio$

Résultat net

0$

Bénéfice par action (dilué)

0%

Rentabilité des actifs

0$

Dividende par action

Chiffres pour l’exercice fiscal de 2020

> 0Mrd$

Capitalisation boursière

Mrd$ : milliard de $ | Mio$ : million de $

Répartition du chiffre d'affaire

Revenus par produits

Revenus par zone géographique

Types de magasins

Starbucks est le premier torréfacteur, distributeur et détaillant de cafés de spécialité au monde. C’est le leader mondial de l’industrie du café, une industrie très sensible aux facteurs macroéconomiques, mais amenée à croître d’ici 2025.

Créée en 1985, l’entreprise achète et torréfie des cafés de haute qualité qu’elle vend ensuite dans ses magasins Starbucks ou dans des établissements franchisés. En parallèle de toutes sortes de recettes de cafés, Starbucks vend également du thé et d’autres boissons artisanales, ainsi qu’une gamme de produits alimentaires de haute qualité.

Starbucks autorise également la vente de ses produits grâce à d’autres canaux, comme des épiceries, des aires autoroutières ou encore au travers de partenariats (avec Nestlé, principalement).

Femme buvant un café dans un magasin Starbucks

Starbucks cherche à devenir l’une des marques les plus reconnues et respectées au monde. Pour y parvenir, elle poursuit actuellement une phase d’expansion mondiale. Ses segments opérationnels sont :

En parallèle de ces deux segments opérationnels, Starbucks possède également un segment dédié au développement de nouveaux canaux commerciaux, comme le café emballé, de thé et de boissons prêtes à boire. Depuis fin 2018, la plupart des revenus de ce segment proviennent des ventes de produits et des revenus de redevances de Nestlé.

Fiche action : Starbucks (SBUX) 1

Comme expliqué plus haut, Starbucks fonctionne sur la base d’un modèle de magasins de marque (les magasins Starbucks) et des magasins franchisés. Les magasins Starbucks sont conçus pour être facilement modifiables tant en format qu’en taille. Cet atout leur permet de s’implanter un peu partout (aussi bien au bord d’une autoroute qu’en centre-ville ou dans un campus). Dans le cadre du modèle sous licence, Starbucks reçoit une marge sur les produits et fournitures de marque vendus à l’exploitant du magasin agréé ainsi qu’une redevance sur les ventes au détail.

Avantages concurrentiels

Part de marché de chaînes de café aux États-Unis en octobre 2019, en nombre de points de vente

Source : Statista

Aux États-Unis, son marché historique, Starbucks possède la part la plus élevée du marché des cafés en termes de nombre de magasins. Les concurrents historiques de Starbucks sont les cafés spécialisés. En effet, la clientèle de Starbucks est souvent à la recherche d’un café de spécialité, qualitatif, accompagné d’un service et de commodités, le tout pour un prix attractif. 

Néanmoins, de nouveaux concurrents émergent dans le secteur de la restauration rapide. Le principal d’entre eux est Dunkin Brands, une chaîne américaine spécialisée dans la vente de café et beignets. Viennent ensuite JAB (qui rassemble plusieurs chaînes), McDonald’s (grâce à McCafé) ou encore Costa Coffee (la deuxième plus grande chaîne de café au monde derrière Starbucks).

La valeur de la marque Starbuck repose sur la vente d’un café de haute qualité associé à l’« expérience Starbucks ». Pour créer cette dernière, Starbucks met le client au centre de son attention, lui fournissant une attention particulière (pensez aux noms sur les gobelets), des magasins propres et bien entretenus, adaptés à la culture de la clientèle. Tout ceci permet de construire un haut degré de fidélisation de la clientèle, avec un effet de culte (dans le sens marketing du terme). Chez Starbucks, tout tourne autour de cette expérience, et le magasin est un refuge pour qui souhaite s’éloigner du stress quotidien.

Ce faisant, nous avons détecté avantages concurrentiels chez Starbucks : 

Impact de la COVID-19

Avant la COVID-19, environ 80 % des transactions dans les magasins Starbucks américains étaient liées à de la consommation nomade, un passage rapide en magasin pour acheter et consommer sur place. Starbucks développe désormais le « service au volant » (appelé Starbucks Pickup) afin d’améliorer l’expérience client et l’efficacité opérationnelle. En effet, dans ce type de format, pas besoin de magasin richement décoré, ni de mobilier pour accueillir le client ce qui permet de rogner sur les coûts opérationnels et d’augmenter la marge. 

Ce nouveau format permet de commander à l’avance depuis chez n’importe où, payant grâce à l’application mobile Starbucks et leur carte prépayée. Le client n’a alors plus qu’à venir récupérer sa commande en voiture, sur le parking voire sur le trottoir. Si nous grossissons le trait, Starbucks ne veut plus que le client traine en magasin !

kevin johnson starbucks

Nous restons concentrés sur notre stratégie de développement d'emplacements de service au volant, principalement dans les zones suburbaines et semi-rurales. Élargir la portée de la marque Starbucks avec des magasins à volume élevé et à forte marge offrant à nos clients la commodité qu'ils recherchent. Nous continuons à développer nos activités de livraison grâce à notre partenariat avec Uber Eats, offrant aux clients la forme ultime de commodité. Je ne pourrais pas être plus enthousiasmé par la trajectoire ascendante et le niveau d'innovation que nous constatons dans nos activités aux États-Unis.

Chiffres historiques

Revenus (Mrd$)

Résultat net (Mrd$)

BPA (dilué, $)

Dividende ($)

Rentabilité des actifs (%)

Dette totale (Mrd$)

Les résultats de Starbucks pour l’exercice 2020 reflètent les défis auxquels l’entreprise a dû faire face durant la pandémie de COVID-19. En effet, cette dernière a gravement nui aux résultats, en particulier au cours des deuxième et troisième trimestres de 2020. Les revenus ont diminué de 11 % pour s’établir à 23,5 milliards d’USD au cours de l’exercice 2020, contre 26,5 milliards d’USD pour l’exercice 2019. La principale raison se trouve dans la fermeture temporaire d’un nombre important de magasins exploités par la société et sous licence, ainsi que de la modification des opérations commerciales et de la réduction du trafic client. 

Néanmoins, fin 2020, Starbucks a pu progressivement rouvrir ses magasins, constatant une amélioration de ses ventes sur ses segments opérationnels. Les volumes de transactions ont continué d’augmenter, traduisant une certaine résilience du modèle commercial de Starbucks, la fidélité de ses clients et la force de sa marque.

Le chiffre d’affaires du segment de développement de canaux a diminué de 68 millions d’USD, ou 3 %, par rapport à l’exercice 2019. Cependant, Starbucks souligne que ce segment continue d’augmenter dans le mix de vente à mesure que les clients s’adaptent à leurs routines à domicile. Enfin, le bénéfice par action (BPA) pour l’exercice 2020 a fondu à 0,79 USD, contre 2,92 USD pour l’exercice 2019 (-73 %). La diminution est principalement attribuable aux effets négatifs du COVID-19.

Je suis très heureux de la bonne fin de l'exercice 2020, soutenue par une reprise plus rapide que prévu dans nos deux principaux marchés de croissance, les États-Unis et la Chine. Ces résultats démontrent la force et la pertinence continues de notre marque, l'efficacité des actions que nous avons entreprises pour nous adapter à des changements significatifs dans le comportement des consommateurs et efforts extraordinaires de nos partenaires de tablier vert pour servir nos clients et nos communautés dans des défis circonstances.

L’entreprise verse un dividende depuis 2010, en augmentation pour la dixième année consécutive. Le dividende passe en effet de 0,41 USD à 0,45 USD (+10 %). Le dividende annuel de 2020 est désormais à 1,68 USD, soit un rendement de 1,6 %. Ce qui nous amène à parler du ratio de distribution.

Le ratio de distribution (payout ratio) exprime le taux de distribution des bénéfices. Il est l’expression de la politique qu’une société met en place envers son actionnariat. 

Calculé simplement en divisant le montant du dividende par action par le bénéfice net par action (BPA, dilué dans notre cas), il traduit soit la générosité de l’entreprise envers ses actionnaires (s’il est élevé), soit la priorisation des investissements (s’il est faible). 

Pour simplifier, un ratio de distribution de 50 % signifie que pour chaque dollar gagné par Starbucks, l’entreprise en distribue la moitié aux investisseurs. Ce faisant, un ratio de distribution trop élevé peut laisser penser que la pérennité du dividende est à risque. C’est justement le cas ici

Un ratio de distribution stratosphérique en 2020

Dans le cas de Starbucks, le ratio de 2020 est en effet situé à 213 %, un véritable pic. La COVID-19 a fortement impacté les bénéfices de cette année, le BPA ayant fondu de 73 % entre 2019 et 2020. Néanmoins, l’entreprise a voulu garder un dividende en place et en augmentation par rapport à 2019.

En 2020, l’entreprise possédait un flux de trésorerie libre (free cash flow) de 114 millions d’USD, soit le capital dont la société disposait pour investir, payer des dividendes, racheter des actions, etc. Cependant, en 2020, Starbucks a racheté pour 1,7 milliard d’USD d’actions et a versé 1,9 milliard d’USD en dividendes, soit un total de 3,6 milliards d’USD vers l’actionnariat. Le compte n’y est clairement pas. Pour y arriver, Starbucks a contracté de la dette à court et long terme. Tout ça pour ne pas faire l’impasse sur le dividende en 2020 ou interrompre la croissance annuelle du dividende depuis 2010.

Une décision totalement contraire à l’évolution des bénéfices cette année, mais qui peut avoir du sens étant donné que la situation est attendue comme temporaire. En 2021, l’entreprise s’attend à un chiffre d’affaires de 28 à 29 milliards d’USD, soit une augmentation de +20 % par rapport à 2020. Si les ventes augmentent à nouveau, cela devrait se répercuter sur le bénéfice net et, par extension, sur le BPA (attendu entre 2,34 USD à 2,54 USD en 2021, +210 % par rapport à 2020). Ceci permettra de rectifier cette anomalie de ratio de distribution. Mais les revenus et les flux de trésorerie doivent donc absolument repartir à la hausse en 2021. 

Dans le cas contraire, le dividende actuel ne sera pas durable, car le soutenir par de la dette au lieu de bénéfices est tout sauf une pratique saine sur le long terme. En attendant, Starbucks a annoncé interrompre son programme de rachat d’actions jusqu’à la fin de l’exercice 2021, ce qui aura le mérite de renforcer les liquidités à court terme.

Nous considérons ces impacts du COVID-19 comme temporaires et nous prévoyons que notre endettement reviendra à des niveaux proches des objectifs au cours de la dernière partie de l'exercice 2021, car notre flux de trésorerie d'exploitation continue de s'améliorer et nous amortissons les échéances de dette à venir.

La carte prépayée, une dette à taux négatif

Nous voudrions développer avec vous le concept de la carte prépayée (Stored Value Card, SVC). Plus particulièrement, nous voudrions vous expliquer pourquoi cet élément anodin peut jouer un rôle central dans les finances d’une entreprise, qu’il s’agisse de Starbucks, de Walmart ou de toute entité proposant ce type de carte.

La Starbucks Card est un programme de cartes prépayées conçues pour fournir aux clients un mode de paiement pratique, couplé au programme de fidélité Starbucks Rewards expliqué plus haut. Les cartes prépayées sont fournies aux clients qui les chargent ensuite en liquidités. Les clients peuvent accéder au solde de leur carte en utilisant leur carte prépayée physique ou, plus généralement, grâce à l’application mobile Starbucks.

Ce montant logé dans les cartes correspond à un passif, une obligation qu’a l’entreprise envers un tiers. C’est un élément financier ayant une valeur économique négative pour l’entreprise, car il provoquera une sortie de ressources au bénéfice de ce tiers. En 2020, Starbucks avait environ 1,5 milliard d’USD de passifs stockés dans ces cartes prépayées. Cela représente près de 4 % de tous les passifs (capitaux propres et dettes) de l’entreprise. C’est énorme, car, en pratique, l’argent stocké dans les cartes prépayées est donné aujourd’hui par les clients à Starbucks en vue d’acheter du café plus tard. Cela vous fait penser à quelque chose ? Bien vu : c’est une forme de prêt ! Un prêt fourni gratuitement par le client et sur lequel Starbucks ne paie aucun intérêt. Nous pouvons comparer ceci au principe de « fonds de caisse ».

Starbucks Card

Un parallèle peut être fait avec PayPal, où les utilisateurs chargent de l’argent sur leur compte. Il y a cependant une énorme différence : PayPal doit fournir la garantie que cet argent peut être récupéré n’importe quand, comme dans une banque. L’argent est donc ségrégé du bilan de PayPal, investi dans des actifs très peu risqués, faiblement rentables et à court terme. Starbucks, en revanche, n’a pas à faire ça, vu que le client ne tire pas de la carte de l’argent, mais un bien ou un service. 

Contrairement à PayPal qui doit fournir une garantie de pouvoir reverser l’argent comptant en toute circonstance, Starbucks doit simplement s’engager à pouvoir fournir… Un café, ce qui est toujours possible finalement. Du coup, Starbucks se retrouve avec une dette fournie gratuitement par ses clients, sans frais ni intérêts, qui peut être mise à profit pour financer ses opérations et son expansion. En plus de la dette classique, bien évidemment.

Il y a cependant, ici aussi, une différence majeure entre un passif lié à des créances (dette classique) et le passif des cartes prépayées. Quand Starbucks emprunte à des créanciers, ces derniers veilleront à ce que le capital de la dette soit remboursé, avec des intérêts. Quand Starbucks « emprunte » gratuitement à ses clients, la responsabilité de réclamer ce passif se situe chez le client, qui joue le rôle de créancier. Or, même si historiquement, la majorité des fonds dans les cartes sont utilisés dans l’année, Starbucks observe que de nombreuses cartes prépayées et soldes sont inutilisées. Et l’entreprise ne pouvant pas forcer le client à consommer son solde …

Starbucks Card

Ainsi, chaque année, Starbucks indique qu’une partie de ce passif stocké dans les cartes prépayées est considéré comme perdu car non réclém. C’est le concept de rupture (breakage).

Starbucks reconnaît cette rupture un bénéfice : logique, le client a prêté de l’argent à Starbucks, mais ne le réclame pas, c’est tout bénéfice ! En moyenne, depuis 2011, cette rupture représente 8 % du passif stocké dans les cartes prépayées. En 2020, cette rupture correspondait à 144,6 millions d’USD, soit environ 10 % du passif total stocké dans les cartes prépayées.

Résumons. Starbucks contracte donc de la dette gratuitement auprès de ses clients, sans frais ni intérêts. Grâce à la rupture, 8 % de cette dette est inutilisée, perdue par les clients et devient du bénéfice pour Starbucks. Sur le plan théorique, cela peut être vu comme une forme de prêt à taux négatif (un prêt à -10 % en 2020). Les passifs de cartes prépayées Starbucks sont donc un énorme levier financier pour l’entreprise et son développement.

Actionnariat de l'entreprise

0%

Insiders (CEO, conseil d'administration, etc.)

Top 3

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Flottant (institutions financières et particuliers)

0%

Flottant institutionnel (ETF, fonds, etc)

Top 3

Avant de continuer …

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Fiche action : Starbucks (SBUX) 2

Analyse fondamentale

0x

Ratio P/E (TTM)

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Ratio P/B

0

Ratio D/E

0

Z-Score d'Altman

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Current ratio

0$

Valeur intrinsèque selon Graham

0/9

Piotroski F-Score

0/9

Score Investiforum

Pour commencer, notons que Starbucks est une valeur assez chère par rapport à ses pairs. L’entreprise se négocie à un ratio cours/bénéfice (Price-to-Earnings, P/E) de 133 sur 12 mois, ce qui est élevé compte tenu de la situation économique. À titre de comparaison, le secteur de la restauration américaine se traite à un P/E de 32 et le leader du groupe, McDonald’s, de 33. Là où le secteur de la restauration est sous-valorisé (value) en raison de la COVID-19, Starbucks entre clairement dans la catégorie des entreprises de croissance (growth). En effet, les attentes de croissances ne sont pas identiques. 

Historiquement, sur la période 2010-2020 et selon nos calculs (régression des moindres carrés), le taux de croissance annuel du BPA de Starbucks se situait à 21 %. Grismer, le CFO de Starbucks, a quant à lui déclaré aux investisseurs que l’entreprise vise une croissance du BPA à long terme autour de 10 % par an. Le BPA devrait augmenter de 210 % entre 2020 et 2021, de 20 % entre 2021 et 2022 avant de se stabiliser à 10-12 % en 2023 et 2024. D’où la survalorisation actuelle : les investisseurs paient les résultats futurs. Quant à savoir si cette croissance sera réellement atteinte, personne n’est devin ! Mais il vaudrait mieux au regard de ce qui suit.

La dette, nous l’avons déjà dit, reste un point à surveiller. Contracter de la dette afin de racheter ses actions et verser un dividende alors que les bénéfices ne suivent pas est tout sauf sain. C’est d’ailleurs ce qui a conduit Starbucks à des bénéfices non répartis négatifs en 2020 (et 2019) : l’entreprise a payé plus d’argent qu’elle n’en a gagné. 

Les ratios Debt-to-Equity (D/E) et Price-to-Book (P/B), tous deux négatifs, traduisant bien cette situation. Ils signifient que Starbucks a actuellement plus de passifs (capitaux et dettes) que d’actifs (biens et droits). Si le pire des cas devenait une réalité et que Starbucks, faisant faillite, devait vendre tous ses actifs, elle aurait donc toujours des passifs impayés. Il ne resterait alors rien à donner aux actionnaires, qui perdraient tout. Le Z-Score d’Altman de 2,6 traduit, lui aussi, l’incertitude actuelle concernant la possibilité d’une faillite dans les 2 ans. 

Dans ce genre de situation à équité négative, il faut donc être prudent, car le risque est plus élevé vis-à-vis de l’endettement général. Néanmoins, pour Starbucks, la situation peut être nuancée :

  1. Le ratio de liquidité générale (current ratio), qui mesure la capacité de Starbucks à payer ses obligations à court terme, est supérieur à 1. Il signifie que l’entreprise est capable d’honorer ses passifs à court terme, les intérêts de dette en premier lieu (437 millions d’USD en 2020). À cet effet, Starbucks possède plus de 4,6 milliards d’USD de trésorerie, équivalents de trésorerie et autres investissements à court terme. Ce sont des actifs très liquides qui peuvent être mobilisés immédiatement si nécessaire (notons qu’ils couvrent 10x les intérêts de dette à eux seuls).
  2. La composition des passifs totaux, où 40 % des passifs consistent en de la dette à long terme à rembourser en majorité après 2025, bien après la COVID-19. De plus, 18 % des passifs sont liés aux cartes Starbucks et correspondent aux cafés payés aujourd’hui qui devront être servis dans le futur… À moins d’être oublié par le client (10 % de rupture par an, en moyenne).
  3. La raison triviale derrière l’endettement de Starbucks en 2020 : au-delà se soutenir son développement, Starbucks emprunte pour continuer à récompenser ses actionnaires, en augmentant de manière constante ses dividendes et en rachetant ses actions. Faisant fi de la COVID-19, Starbucks rétribue son actionnariat, engendrant des capitaux propres négatifs sur le court terme. Comme dit plus haut, cette façon de faire n’est pas souhaitable à long terme, car elle mettrait la santé financière de Starbucks en danger. D’où l’arrêt du rachat d’actions, notamment.

Un mot sur la valeur intrinsèque selon Benjamin Graham, père de l’investissement dans la valeur et auteur des excellents livres fondamentaux Security Analysis et L’Investisseur Intelligent. Selon lui, en utilisant le cours de l’action de l’entreprise, ses bénéfices par action et ses dividendes, la valeur intrinsèque d’une action peut être trouvée et comparée à sa valeur de marché. Graham pensait également que comme l’investisseur a le choix entre placer de l’argent dans des actions ordinaires ou des obligations, il était approprié de prendre en compte le taux d’intérêt payé sur une obligation de haute qualité.

Pour calculer, nous utilisons donc le rendement d’obligations d’entreprises de grade AAA (1,56 %) et les prévisions de croissance de Starbucks (10 % par an en moyenne, comme expliqué plus haut). Le cours au moment du calcul était de 104,34 $ et le dernier BPA de 0,79 $. Selon la formule originale de Graham, nous estimons la valeur intrinsèque d’une action Starbucks à 63,5 $, soit une survalorisation (prime) de 49 % au cours actuel. Nous le disions plus haut, ceci est dû au fait que les investisseurs de Starbucks paient ses bénéfices futurs. En refaisant le calcul avec le BPA estimé de 2021 (limite basse de la fourchette, soit 2,34 $), l’estimation de la valeur intrinsèque remonte, à 188,10 $. 

Le Piotroski F-Score, de son côté, est moyen. Situé à 6 sur une échelle de 9, il est impacté par la dette qui a augmenté en 2020, une marge brute légèrement inférieure par rapport à 2019 et une moins bonne utilisation des actifs pour générer des revenus (en raison de la COVID-19). Quant à notre score Investiforum, dérivé de l’approche NASDAQ Dozen, le résultat est relativement mauvais. La note finale est de 3 sur 9, notamment au regard des finances en berne en 2020, la survalorisation de l’entreprise ou encore le ratio de distribution aberrant. Gageons que tout ceci s’améliore en 2021, comme prévu !

Cette analyse fondamentale a été réalisée le 2 janvier 2021. Les chiffres et multiples peuvent être sensiblement différents à l’heure de lire cette analyse.

Croissance future

Le café en Chine, un secteur en croissance

Source : Statista

Starbucks a défini sa stratégie de croissance sur deux axes principaux. D’une part, l’entreprise va optimiser sa présence dans ses marchés matures (surtout aux États-Unis). D’autre part, elle compte se développer dans les marchés internationaux, principalement émergents, Chine en tête. 

La Chine continue d’être l’un des plus grands marchés en croissance pour l’industrie des cafés. Les revenus dans le segment du café en Chine devraient atteindre 14,4 milliards d’USD en 2021. Le marché national devrait croître annuellement de 8,9 % (TCAC 2021-2025).

Dans ses guidances pour 2021, Starbucks prévoit en tout cas une croissance de ses ventes mondiales de 18 % à 23 %, et jusqu’à 27 % à 32 % en Chine. Pour y arriver, Starbucks a défini les grandes lignes directrices de sa stratégie de croissance :

  • Renforcer sa position de leader autour du café ;
  • Simplifier l’acte de consommation, favoriser l’engagement envers la marque et améliorer les relations numériques ;
  • Simplifier les tâches administratives du magasin pour permettre aux partenaires du magasin de mieux dialoguer avec les clients ;
  • Augmenter la visibilité de la marque Starbucks avec une expansion mondiale disciplinée et l’introduction de formats de magasin flexibles et uniques. Ceci passera notamment par le développement accéléré de formats de magasin alternatifs (tels que les magasins Starbucks Pickup, les magasins Starbucks Now en Chine et le ramassage en bordure de rue). Ce point est d’autant plus pertinent à la lumière de la pandémie de la COVID-19 ;
  • S’adapter rapidement à l’évolution des préférences et des comportements des clients, l’intelligence artificielle et l’exploitation des données consommateurs aidant ;
  • Créer de nouvelles occasions de se rendre en magasin, à toute heure de la journée, avec de nouvelles offres de produits, notamment pour le déjeuner et dans les boissons froides ;
  • Poursuivre la croissance mondiale des activités de développement de canaux grâce aux accords d’approvisionnement, de distribution et de licence avec Nestlé et d’autres partenaires commerciaux.

Ces stratégies s’alignent pleinement sur les préférences des clients, en constante évolution, notamment au regard de la demande en commande mobile, le retrait sans contact et une réduction de la congestion en magasin. En transformant son portefeuille de magasins et en utilisant la technologie, Starbucks vise à améliorer l’expérience client et soutenir sa croissance à long terme.

Application Starbucks Now Chine
Starbucks Now permet aux clients de passer une commande avant leur visite et de récupérer leurs boissons et leurs aliments dans un magasin Starbucks. Cette fonctionnalité témoigne de l'engagement de Starbucks à promouvoir une innovation significative qui apporte un café de haute qualité aux clients, tout en utilisant la technologie numérique pour répondre à leurs besoins de commodité et de rapidité.

Risques identifiés

Qu’en est-il des risques ? Nous avons identifié 3 risques majeurs chez Starbucks :

En risques secondaires, notons :

Sources de l'analyse