Analyse d’AXA, valeur assureuse du CAC 40 à la portée mondiale

Dans ce dernier article de notre dossier sur le secteur financier, nous analysons AXA, l’assureur du CAC 40 dont le développement international est à la fois porteur de promesses et de risques. Que penser de l’action en pleine crise du Covid-19 ? Réponse au travers de notre analyse intégrée combinant une présentation de l’entreprise, une analyse de ses fondamentaux et un décryptage technique de son cours boursier.

 

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Analyse d'AXA, valeur assureuse du CAC 40 à la portée mondiale 1

Table des matières

AXA, les assurances … Mais pas que !

Une présence mondiale

Bien connue pour ses produits d’assurances, AXA est pourtant une société aux activités très diverses. Depuis ses origines françaises datant du 19e siècle, l’entreprise s’est transformée au fil du temps et à coups de multiples fusions avec d’autres sociétés. Désormais, en plus des assurances, AXA offre des services de paiements, d’épargne, de crédit ou encore d’investissement. La société exerce toujours en France (elle s’y est fortement développée en 2019), mais ses activités s’étendent aujourd’hui aux cinq continents. Sa filiale AXA XL, orientée US et acquise par un rachat en 2018, poursuit d’ailleurs son intégration au sein du groupe mondial (+10 % de CA en 2019).

Répartition géographique d'AXA au niveau mondial
AXA offre une exposition internationale au secteur des assurances et services financiers.

Axa fait désormais partie des plus grandes sociétés d’assurance mondiales, aux côtés de Ping An Insurance (Chine) ou encore d’Allianz (Allemagne). L’objectif pour les années à venir est de construire une stratégie globale déployée dans toutes les entités d’AXA à travers le monde et de continuer à aller plus loin dans des domaines tels que la sécurité, la santé et la prévoyance. L’année 2020 marquera d’ailleurs la fin du plan stratégique Ambition lancé en 2016.

Le premier pilier (du plan Ambition, NDLR), Focus, consiste à prendre dès aujourd’hui les initiatives nécessaires pour offrir à nos parties prenantes les performances qu’ils attendent de notre part. […] En parallèle, le second pilier vise à transformer notre entreprise pour préparer la croissance de demain.

Thomas Buberl, directeur général d’Axa
Les objectifs du plan Ambition d'AXA sont en passe d'être atteints.
Les objectifs du plan Ambition 2020 au regard des résultats annuels de 2019.

Les segments cibles d’AXA

Globalement, l’activité d’AXA s’articule autour de 3 segments :

  • Les dommages aux entreprises (32 % du CA) : qu’il s’agisse d’assurer les biens, de couvrir les risques de spécialité ou encore d’intervenir dans la responsabilité civile professionnelle ;
  • La santé (14 % du CA) : du financement des soins en passant par la prévention, l’amélioration de la qualité de vie ou encore l’accès à la santé ;
  • La prévoyance (16 % du CA) : nous y retrouvons ce qui a trait à l’assurance invalidité, l’assurance décès, la gestion des arrêts de travail, l’assurance vie, etc. En somme, ce qui relève de la protection contre les risques de la vie et l’assurance de l’avenir de ses proches.

Le reste du CA s’articule autour d’activités variées, d’AXA Climate (développement de solutions contre les risques climatiques) aux partenariats comme avec ING (pour le déploiement d’une plateforme numérique de protection), ou encore les activités d’investissement (comme sa gamme de fonds actions Framlington Equities).

AXA a affiché une solide performance opérationnelle en 2019.
Quelques chiffres-clés issus des résultats annuels de 2019.

Comment un assureur comme AXA génère-t-il des revenus ?

Pour répondre à cette question, rappelons brièvement le fonctionnement d’un assureur.

La raison d’être des polices d’assurance et de la perception des primes en découlant est de constituer un fonds commun de placement. Les assureurs utilisent les primes perçues des assurances vies, assurances professionnelles, etc., pour financer des placements (généralement dans des titres garantis ou à faible risque en raison de restrictions réglementaires).

Lorsqu’une réclamation est faite (par exemple lorsqu’un sinistre se produit et que l’assuré fait jouer son contrat d’assurance), l’argent est alors prélevé de ce fonds commun et déposé dans un compte en espèces pour payer la réclamation. Lorsque les assureurs font de l’argent, c’est donc sur l’intérêt et le rendement de l’investissement provenant de ces primes lorsqu’elles sont logées dans ce fonds commun d’investissement.

Warren Buffett, le célèbre investisseur américain.

Cette période durant laquelle le rendement est généré s’appelle le float, soit le décalage de temps entre la réception de prime et le dédommagement de sinistres. L’assureur n’investit donc pas via un levier (sous forme de dettes), mais sous forme d’un préfinancement, qui plus est sans frais. Warren Buffett, le célèbre investisseur, considère d’ailleurs ce système de placement du float en capital à risque comme le moteur qui a propulsé l’expansion de Berskhire Hathaway.

AXA, le Covid-19 et la récession économique à venir

Pour un assureur comme AXA, les conséquences de la crise actuelle du Covid-19 sont :

  • Des sinistres en hausse : par exemple, dans l’assurance vie suite à la mortalité de la pandémie actuelle. Cette dernière n’étant pas clairement établie à l’heure actuelle, un flou existe actuellement sur ce risque.
  • Une perte de rendement : krachs, marché baissier et volatilité sont autant de coups portés aux actifs gérés par AXA via le système de float. Ces actifs servant à générer un revenu pour l’entreprise (comme expliqué ci-dessus), la situation boursière actuelle risque de peser sur la solvabilité du groupe.
  • Des marges toujours plus basses : à cause des taux très bas qui continueront à être anémiques durant la récession post-Covid, les activités bancaires du groupe (comme AXA Bank Belgium) resteront fortement sous pression.

Néanmoins, soulignons que durant l’expansion du cycle économique suivant la période de récession, le secteur financier (dont le segment des assureurs) est traditionnellement l’un de ceux qui bénéficient le plus du redémarrage économique. Notamment, grâce à la reprise des hausses de marchés boursiers et de l’augmentation des nouvelles assurances (notamment via le secteur privé qui redémarre).

Analyse d’AXA

Analyse fondamentale en 9 points

Cette analyse, réalisée le 10 avril 2020, est basée sur la méthode décrite dans notre article « Considérer l’intérêt d’une action en 9 points fondamentaux ». Elle se base également sur les derniers résultats annuels publiés par l’entreprise et les données disponibles sur ZoneBourse et Investing.

ÉtapeParamètreRésultat
1Finances
2Consensus
3PEG
4Rendement
5Dividendes
6ROE
7Payout
8FCF
9Valorisation

Côté finances, premier carton rouge. Alors qu’il avait réalisé en 2018 un résultat opérationnel éclatant, le groupe AXA a vu, dans le même temps, son résultat net chuter lourdement (-66 % par rapport à 2017) pour plusieurs raisons :

  1. Les opérations financières et coûts entourant l’introduction d’AXA Equitable Holdings inc. (la plus grande introduction en bourse du secteur) ;
  2. La transformation du portefeuille d’assurance vie collective en Suisse ;
  3. La hausse de coûts de restructuration et de charges exceptionnelles liées l’acquisition du Groupe XL aux USA ;
  4. Un contexte défavorable pour les actifs financiers et produits dérivés placés via le float.

Le Return on Equity (RoE), qui mesure la capacité d’AXA à générer des profits à partir de ses seuls capitaux propres, est à un peu plus de 5 %. C’est très largement inférieur au seuil retenu par notre méthode (15 % minimum). Ceci trahit une incapacité actuelle à générer des bénéfices. C’est cependant également le cas du reste du secteur des assurances.

Bien que gâter ses actionnaires fasse plaisir à ces derniers, le payout ratio dépassant désormais 80 % traduit un manque potentiel d’investissements internes, faute de capitaux. AXA semble en effet préférer laisser percoler ses bénéfices vers l’actionnariat plutôt que de se constituer une réserve à même d’être utilisée ultérieurement. Ce paramètre est à surveiller de près, car un payout ratio supérieur à 100 % indiquerait que l’entreprise verse plus de dividendes que ce que ses revenus peuvent supporter, ce que certains considèrent comme une pratique non durable. Nous n’en sommes heureusement pas encore là.

Soulignons pour terminer que le PEG d’AXA est inférieur à 1 (sous-évaluée vis-à-vis de son taux de croissance) et inférieur aux PEG de ses concurrents directs (Allianz SE, Aviva ou Barclays). De manière générale, le secteur des assureurs est actuellement sous-valorisé (à tort ou à raison), ce qui peut intéresser les investisseurs au style value.

Analyse technique

Intéressons-nous maintenant au côté technique de l’action AXA. À l’heure de rédiger cette analyse technique (10 avril 2020), AXA a vu sa capitalisation boursière fondre de près de 40 % depuis ses sommets de 2020 (allant jusqu’à perdre plus de 50 % au plus fort du krach).

En vue journalière, nous pouvons observer 2 figures chartistes comme décrites dans l’encyclopédie des configurations graphiques de Bulkowski, notre ouvrage de référence pour le chartisme. Pour commencer, le cours évoluait en mars au sein d’un drapeau haussier dont la résistance a été cassée la semaine dernière, sans volumes particuliers cependant. Ce faisant, le lendemain, un throwback prévisible a eu lieu, mais le cours a malgré tout réussi à se maintenir hors de la figure grâce au support des SMA7 et SMA20 (milieu des bandes de Bollinger). L’objectif théorique du drapeau se situe à 19,3€, néanmoins, plusieurs éléments bloquants sont visibles.

En effet, c’est ici que la seconde figure chartiste intervient : un triangle symétrique, dont la résistance oblique actuelle bloque le cours dans sa progression, risquant dans la foulée d’induire une nouvelle oscillation vers le support oblique. Dans ce cas, notons que les SMA7, SMA20 et la parabolique SAR devraient soutenir efficacement le cours et donner du crédit à une résolution haussière de la figure, comme prédit par les statistiques de Bulkowski. Cette figure est en effet synonyme de continuation haussière sur le court terme.

Une fois le triangle résolu, le supertrend à 16,68€ risque de constituer une nouvelle zone de résistance qu’il conviendra de surveiller. Ici aussi, le risque de throwback dans le triangle sera à considérer. Au-delà, une voie royale (ou presque) sera ouverte vers 19,3€.

En vue hebdomadaire, le cours bute en effet depuis 3 semaines sur une résistance horizontale. La pression vendeuse diminue de plus en plus, comme en témoignent la sortie du RSI de la survente, les chandeliers de plus en plus petits et une MACD en décroissance. Cette résistance hebdomadaire correspondant actuellement à la résistance du triangle journalier, une fois la figure résolue, le cours se verra libéré de cette compression latérale, lui permettant d’aller toucher la SMA7 (suite à la sortie des bandes en mars). Notons que l’objectif du triangle correspond à la zone du gap baissier hebdomadaire… Soit juste au dessus du supertrend hebdomedaire.

Enfin, en vue mensuelle, la progression du titre d’AXA s’est heurtée en 2019 à une zone de résistance de très long terme, à 25,50 €. Le troisième test de cette zone, en février, a précédé une phase de correction majeure, amplifiée d’une part par le krach des marchés et, d’autre part, par la cassure d’une ancienne résistance oblique dont l’origine remonte à l’année 2000. Tour à tour, les principaux supports de long terme ont été enfoncés (SMA200, zones supports horizontales), mais la baisse a été freinée par un support oblique de très long terme. Tous les indicateurs sont baissiers. Le RSI évolue toujours en territoire vendeur et il reste difficile, pour l’heure, d’en tirer une orientation claire. 

En conclusion :

Journalier : évaluation haussière
Hebdomadaire : évaluation neutre à haussière
Mensuel : évaluation baissière

Du côté de l’Analyse Technique Systémique (AT.S.), notons un nœud de supports en journalier avec Jack en embuscade de la M20. Une zone de résistance à 16,5-17€ se dégage tant en journalier, qu’en hebdomadaire, mensuel ou encore trimestriel. Un croisement baissier a eu lieu entre les moyennes mobiles mensuelles de mars à avril et un non-croisement baissier a également eu lieu en trimestriel en octobre 2019. L’AT.S donne clairement une vision systémique baissière d’AXA.

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